L'abbatiale du Mont-Saint-Michel, située au sommet du rocher, est le cœur spirituel et architectural de l'abbaye. Construite entre le XIᵉ et le XVIᵉ siècle, elle surplombe la baie du Mont-Saint-Michel, symbolisant à la fois la foi chrétienne et les prouesses techniques de son époque. Cet édifice impressionnant est un mélange de styles roman et gothique, résultant de plusieurs campagnes de construction et de restaurations.

Histoire de l'abbatiale

1. Construction romane (XIᵉ siècle)

   • La construction de l'église abbatiale débuta vers 1023 sous l'abbé Hildebert II. L'édifice devait répondre à l'afflux croissant de pèlerins attirés par le sanctuaire dédié à l'archange Saint Michel.
   • Les bâtisseurs construisirent l'église sur un plateau artificiel, soutenu par des cryptes pour compenser les contraintes du rocher escarpé. La crypte Saint-Martin et la crypte des Gros Piliers furent érigées pour stabiliser l'ensemble.

2. Ajout gothique (XIIIᵉ siècle)

   • À partir de 1203, un incendie provoqué par les assauts des troupes du roi Philippe Auguste nécessita d’importants travaux de reconstruction.
   • L'abside et le chœur actuels, de style gothique, furent reconstruits au XIIIᵉ siècle. Cet ajout, réalisé dans le cadre de la construction de la "Merveille", donna à l'abbatiale une allure élancée et lumineuse.

3. Évolutions ultérieures

   • Des travaux supplémentaires furent entrepris jusqu’au XVIᵉ siècle, notamment pour renforcer certaines parties de l’église.
   • Le clocher, qui abrite aujourd'hui une statue dorée de l'archange Saint Michel, fut ajouté au XIXᵉ siècle lors des restaurations menées par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc.

Architecture de l'abbatiale

L’abbatiale est un chef-d’œuvre qui combine harmonieusement les styles roman et gothique, avec des éléments architecturaux distinctifs :

1. La nef romane

   • La nef, construite au XIᵉ siècle, est de style roman. Elle est caractérisée par des voûtes en berceau et des arcs en plein cintre.
   • Les murs massifs, soutenus par des contreforts, reflètent la solidité et la sobriété de l’architecture romane.

2. Le chœur gothique

   • Le chœur, reconstruit au XIIIᵉ siècle, est un bel exemple de l'art gothique rayonnant. Il se distingue par sa hauteur, ses arcs brisés et ses grandes fenêtres qui laissent entrer une lumière abondante.
   • Les vitraux accentuent l’impression d’élévation et de spiritualité.

3. Le clocher et la flèche

   • Le clocher est surmonté d’une flèche où trône une statue dorée de l’archange Saint Michel, ajoutée en 1897. Cette statue, symbole de la lutte contre le mal, culmine à 170 mètres au-dessus du niveau de la mer.

4. Les cryptes

   • Sous l’église se trouvent plusieurs cryptes, construites pour stabiliser l’édifice. La crypte des Gros Piliers, en particulier, soutient le chœur gothique et témoigne de l’ingéniosité des bâtisseurs médiévaux.